LE 11 AOUT 1914
Nous sommes le 11 août et un nouveau fort va tomber.
Le chargement et le transport terrestre, par tracteurs à vapeur, commencent. Il faut six heures pour amener au sol les dix remorques métalliques de 17 tonnes et les deux locomotives routières. Les deux convois des
mortiers de 420 démarrent dans l’après-midi. A 22h, les deux pièces de 420 s’arrêtent à Henri-Chapelle.
Sur ces entrefaites, les 120.000 soldats chargés de réduire Liège entrent en Belgique. L'armée de siège forme une colonne de 49 km de profondeur.
Au fort d'Evegnée dès le matin, les tirs d’artillerie de calibre 210 s’intensifient. Le fort est pilonné de 6 à 8h sans pouvoir répondre, car plusieurs coupoles ont été mises hors d’état. Deux observateurs rejoignent le clocher de Tignée et repèrent une batterie derrière le château de Cerexhe-Heuseux. Les deux pièces encore valides du fort tirent dans cette direction mais la batterie allemande change d’emplacement.
A midi, Evegnée n’a plus qu’une pièce utilisable pour les tirs à longue portée : l’obusier de 210. A 14h, les observateurs doivent abandonner le clocher de Tignée. L’obusier de 210 cale définitivement. Seul subsiste un
canon de 150. Il fait de plus en plus suffocant dans le fort. Certains soldats commencent à s’évanouir. Devant cette situation désespérée, le commandant du fort (
Genonceaux) consulte ses officiers.
A ce moment, un parlementaire allemand apporte un message demandant la reddition. Les officiers décident de rendre le fort pour éviter de faire périr la garnison de 380 hommes. A 16h, le drapeau blanc est hissé et les Allemands rendent les honneurs militaires à la garnison. Le commandant allemand prie le commandant belge de conserver son sabre.
Au
fort de Chaudfontaine, les Allemands bombardent l’abbaye de Chèvremont qui constitue le poste d’observation du fort. Le fort lui-même est bombardé pendant une heure à partir du centre du village de Chênée, situé à près de trois kilomètres du fort.
Au
fort d'Embourg, un feu roulant d’artillerie de calibre 210 s’abat sur le fort et dure dix heures.
Au
fort de Fléron, un hussard se présente devant le fort, drapeau à la main. Il est suivi par deux notables liégeois et demande à parler au
commandant Mozin. Le hussard lit une longue note selon laquelle trente batteries de très gros calibre sont braquées sur Fléron et qu’elles tireraient jusqu’à ce que le fort soit anéanti. Le commandant du fort refuse de capituler. L’officier salue et repart pour Herve.
En soirée, voici la position des troupes d’investissement :
27e Bde à Liège où deux ponts de bateaux ont été construits.
9e D.C. entre l’Ourthe et la Meuse.